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Parachutages Martigné-sur-Mayenne

Sur ce site en avril 1944, 7 tonnes d'armes, de munitions et de trousses à pharmacie ont été larguées par 2 avions alliés.
L'ensemble a été réceptionné et transporté  dans des lieux proches par des jeunes Résistants. Les armes seront acheminées en partie aux maquisards du nord Mayenne.

Texte du panneau:

Parachutage en Avril 1944 d'armes et de munitions destinées aux maquisards du Nord Mayenne.

Après avoir envahi la France, l'Allemagne nazie subit des revers sur le front russe et est contrainte de mobiliser tous ses hommes valides. Malgré l'exploitation de la grande masse des prisonniers de guerre, cela ne suffit pas à combler les vides laissés dans les usines, sur les chantiers et dans les fermes. Aussi, l'Allemagne impose-t-elle au gouvernement de Vichy d'instaurer le Service du Travail Obligatoire (S.T.O.) par les lois des 4 septembre 1942 et 16 février 1943. Les jeunes gens nés entre le 1er octobre 1919 et le 31 décembre 1922 doivent tous partir travailler en Allemagne et des hommes de tout âge peuvent être requis pour l'organisation «Todt» qui construit le mur de l'Atlantique. Certains ne partiront jamais en Allemagne et, pour se soustraire au S.T.O. entreront volontairement dans la clandestinité D'autres, contraints et forcés de rejoindre les usines d'outre-Rhin, s'évaderont des trains ou profiteront de leur première permission en France pour disparaître. Selon les forces d'occupation, ces hommes qui ont choisi la clandestinité sont devenus des réfractaires, des «hors-la-loi» qui seront traqués, arrêtés et déportés dans les camps d'internement. Les membres de leur famille et ceux qui acceptaient de les cacher étaient arrêtés.

A partir de 1943, des réfractaires en très grand nombre, trouvent refuge dans les forêts et viennent grossir les rangs des groupes de la Résistance.

C'est ainsi qu'un jeune de Martigné, Raymond Besnier, âgé de 21 ans, requis pour travailler en Allemagne en mars 1943, s'est camouflé dans une ferme à Courcité. Il reçoit la visite de Monsieur Albert Ravé, instituteur à la Baroche-Gondouin qui lui demande de rejoindre son groupe de résistants. Il l'invite à retourner à Martigné et le charge de procéder à la recherche du renseignement sur l'occupant. Le frère de l'instituteur, Robert Ravé, commis charcutier à Mayenne, est aussi entré dans la Résistance. Il se rend chaque fin de semaine à Martigné, voir sa future épouse et fréquente quelques jeunes du village. Peu avant le débarquement allié, sur les instructions de son frère, il demande à ses amis de trouver un terrain à Martigné, pour un parachutage d'armes destinées à la Résistance.

Une prairie du Petit Courmondron appartenant à la famille Besnier, difficilement accessible et située loin des axes routiers, est retenue pour cette opération nocturne. Robert Ravé avise ses camarades que le parachutage sera annoncé à la radio anglaise par le message suivant: Cherchez et vous trouverez le trésor! Dès la diffusion du premier message, Claude Beaufils, 22 ans, charpentier, Edouard Beaufils, 19 ans, menuisier, Gustave Juguin, 25 ans, agriculteur, René Saudrais, 20 ans, commis boucher, tous originaires de Martigné, se rendent discrètement au Petit Courmondron où ils rejoignent Georges et Raymond, les frères Besnier qui sont accompagnés de quelques hommes dont les deux frères Ravé et Joseph Brochard, chef d'un groupe de résistants à Mayenne.

Joseph Huard, 36 ans, agriculteur au lieu-dit Le Poirier est également sur le site avec un plateau doté de roues à pneu et tracté par une jument dont il a fait déferrer les sabots pour faire le moins de bruit possible. Cette première nuit de veille sera vaine, car aucun avion ne se présentera. L'opération est reportée au lendemain mais ce n'est finalement que le troisième soir, vers 22 h 30, que 2 avions se présentent et s'alignent dans l'axe de la piste matérialisée au sol par des torches, et larguent leur cargaison de 7 tonnes d'armes, de munitions et de trousses de pharmacie. Quelques conteneurs tombent au delà des limites du terrain balisé, il faudra même en décrocher un, suspendu dans un chêne. Tous les conteneurs et parachutes sont récupérés. Georges Besnier assure le transport à l'aide d'un plateau tiré par deux chevaux pour les dissimuler à quelques centaines de mètres dans un chemin creux.

Quant à Joseph Huard, il conduit ses chargements jusqu'à une toute petite carrière située dans l'un de ses champs près de La Médayère. L'opération durera jusqu'à 4 h du matin. Le chef de l'expédition, Albert Ravé, estimant que le matériel n'est pas suffisamment caché dans le chemin creux, fait déplacer les conteneurs par son équipe dès le lendemain avec l'aide de Joseph Huard qui, avec sa jument attelée au plateau les transporte jusqu'à sa carrière près de La Médayère.

L'opération est risquée car elle se fait de jour et il faut traverser la route de la Bazouge-des-Alleux où circulent des soldats allemands cantonnés dans le château de - Mythème. Dans les jours suivants, avec sa camionnette, Edouard Gultier de Martigné, transporte, accompagné de Raymond Besnier, 3 conteneurs jusqu'à Saint-Aignan-de-Couptrain.

Ils les déposent, suivant les ordres reçus, dans un hangar isolé, au milieu d'un pré. Les jours et semaines suivantes, Joseph Brochard et des résistants circulant à vélo, se rendent à plusieurs reprises chez Joseph Huard pour récupérer l'armement. Ils utilisent la grange de la ferme pour passer la nuit et pour dégraisser les armes qu'ils mettent en état de fonctionnement. Puis après s'être restaurés, ils s'en vont répartir cet armement, dans les maquis du Nord Mayenne.

Cette stèle rappelle à notre mémoire l'engagement de nos compatriotes dans la résistance aux troupes d'occupation Tous ces hommes et femmes, soldats de l'ombre ont contribué par leur action de renseignement, de sabotage, de combat et de harcèlement de l'ennemi sur tout le territoire national, à la victoire des troupes alliées sur l'idéologie totalitaire du nazisme. Rendons hommage à ces résistants qui ne se sont jamais résignés et qui ont fait d'un pays humilié, abattu opprimé tel que l'était la France en 1940, un peuple fier, un peuple debout, un peuple libre..


Contribution et crédit photo Le Bourvellec Eric

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