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Stèle de la mémoire

Mémorial rendant hommage aux aviateurs Pierre Devouassoud et Magloire Dorange fusillés le 12 avril 1941 en criant "Vive la France". Leurs compagnons de résistance Raymond Canvel et Auguste Zalesky mourront en déportation. Pilote durant la bataille de France, ils chercheront à gagner l'Angleterre avec 13 autres résistants. Repéré par un patrouilleur alleamand alors que leur embarcation était en panne de moteur et à la dérive, ils seront arrêtés  envoyés à la prison de Cherbourg puis Saint-Lô avant d'être fusillé ici.

Texte de la bouleversante lettre manuscrite exposée au mémorial de Pierre Devouassoud à ses parents:


 Mes très chers parents

 Je vous écris cette dernière lettre qui vous sera remise certainement par le capitaine.
 Cet officier  allemand  a été notre défenseur devant la cour martiale.
 C'est un homme d'honneur à qui nous devons beaucoup, il a tout fait pour nous sauver mais hélas les lois sont inexorables. Je lui dois une grande reconnaissance aussi je vous demande de le recevoir comme un ami sincère, un des rares qui pouvait me comprendre Dorange et moi.
C'est lui qui vous remettra l'insigne qui a guidé ma vie et  pour lequel j'ai tout sacrifié :  mon macaron de pilote.
Rappelez-vous toujours la devise qui l'accompagne " Les ailes nous portent,  l'étoile nous guide,  la couronne nous attend".

Vous épinglerez cet insigne  avec celui de l'école de Saint-Brieuc ( où j'ai connu Dorange)  sur un petit coussin et vous les mettrez près de nos deux photos.
Je tiens à vous affirmer que personne ne m'a poussé à partir. Je suis le seul responsable de mon acte.L'argent n'a jamais été mon but,si je suis parti c'est pour la France et pour l'aviation.

J'estime que j'ai très bien agi et je ne regrette rien. Les conséquences sont évidemment terribles mais n'oublions pas que "Mourir pour la Patrie est le sort le plus beau le plus digne d'envie."
Je ne cache pas que j'aurai préféré une mort plus anonyme en combat aérien  mais que voulez-vous on ne commande pas les événements.
Le soir du jugement je n'ai plus pensé qu'à vous mes chers Parents et  j'ai pleuré. Je me suis rappelé tous les sacrifices que vous avez consenti pour m'élever,  pour me donner de l'instruction,  pour me gâter comme vous l'avez fait.


Toi mon cher Papa qui a été un soldat de cette terrible guerre de 1914-1918,  je suis sûr que tu comprendras tout de suite les raisons de mon départ, tu seras dire à tous que je ne suis pas un lâche,  tu pourras être fier de ton fils.
Quant à toi ma chère Maman, je pense à ta douleur lorsque tu apprendras le sort qui m'a été réservé ce sera une épreuve terrible mais rappelle toi  tous ceux qui sont morts à la guerre  et dis-toi bien  que je suis qu'une petite victime de  cette grande calamité.

Ce que j'ai fait  j'estime que c'était mon devoir  aussi je ne regrette rien et je suis sûr que tu ne peux pas m'en vouloir. Mourir en soldat c'est une belle fin.

Mes chers Parents  votre fils qui vous a beaucoup aimé vous dit adieu en criant: "Vive la France" 

Pierre


P.S.   Ne pouvant pas écrire plusieurs lettres  je vous demande de faire savoir mon sort à tous nos parents et amis

 Crédit photo : Dr Denis Rousseaux

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