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Sémaphore de Creac'h-Maout

CREAC'H-MAOUT 1944-1994

"Passant, va dire à la France que ceux qui sont tombés ici sont morts selon leur cœur".
André MALRAUX

Pendant la seconde guerre mondiale, les Allemands firent du sémaphore de Creac'h-Maout une base de surveillance et de défense du littoral en y construisant d'importants ouvrages fortifiés.
En août 1944, ce sémaphore fut le théâtre d’événements tragiques dont voici le déroulement

5 août 1944
Dans les derniers jours de juillet 1944, à l'approche des troupes américaines, les troupes allemandes en garnison à l’île à Bois (Lézardrieux) et à St Laurent (Pleubian), tentent de gagner par la route, les poches de Lorient et de Brest.
Seule la garnison du sémaphore de Creac'h-Maout, une cinquantaine d'hommes, préfère rester sur place et voyant les événements se dégrader demande à se rendre.
Les prisonniers sont conduits au bourg de Pleubian et logés à la salle des fêtes, en attendant l'arrivée des alliés.
Mais les deux garnisons allemandes nommées ci-dessus, ayant trouvé les routes barrées, reviennent à leur point de départ et apprenant la reddition de leurs camarades de Creac'h-Maout, décident de les délivrer.
Dans la soirée, les prisonniers sont reconduits au sémaphore, par crainte de représailles sur les habitants du bourg.
Entre temps, trois soldats allemands, appartenant au groupe cantonné à l'Iles à Bois (Lézardrieux), viennent à Pleubian pour y réquisitionner des charrettes. Ils blessent grièvement BOTCAZOU, 21 ans d'une balle explosive, il décédera le lendemain dans la matinée et abattent une jeune femme, Zénaïde LE PARANTHOEN, épouse BARLOUER, 25 ans, alors qu'elle circule à bicyclette.

6 août 1944
De la garnison allemande de l’île à Bois, alertée des événements de Creac'h-Maout, des éléments se dirigent vers l'Armor.
Vers 13 h 30, ils s'arrêtent au lieu dit le Croas-Hent, en Lanmodez, abattent dans la cour de sa ferme Adèle LE GUEVEL, épouse L'ANTHOEN et conduisent ses deux fils Yves et Victor ainsi qu'Yves LE BERRE (16 ans) et Jean Baptiste KERNIVINEN (16 ans) au Carpont, tout proche pour y être fusillés.
Grâce à l'intervention de M. L'ANTHOEN père, l'un des fils, Victor est autorisé à regagner son domicile. Le deuxième, Yves, bien que très grièvement atteint de plusieurs coups de feu, réussit à échapper à la mort.
Dans la soirée, le groupe de l’île à Bois tente de délivrer la garnison, le combat s'engage : les Allemands mettent leurs mortiers en batterie à proximité du cimetière de l'Armor et ouvrent le feu en direction du dit lieu. 2 personnes sont tuées par des éclats d'obus de mortiers. Monsieur l'Abbé Joseph LE FLOCH, recteur de l'Armor et une fillette, la petite Léonie LIBOUBAN, âgée de 10 ans.

7 août 1944
Dès l'aube, un nouvel engagement a lieu et une attaque en direction du sémaphore commence, à l'aide de un ou de deux mortiers et d'un canon.
En position d'infériorité manifeste, de nombreux patriotes quittent le sémaphore à travers les champs de ruines par le versant opposé aux positions allemandes. D'autres plus confiants peut-être dans la suite des événements, préfèrent l'attente.
Les Allemands en nombre, et mieux armés, prennent rapidement position des lieux faisant 21 prisonniers.
Dans les heures qui suivent, les Allemands pourchassent partout alentour les patriotes rescapés qui ont trouvé refuge dans les environs. Romain BOCHER (30 ans) et Ernest LE PETIT (38 ans) blessés au cours du combat ont pu atteindre une maison voisine, où ils meurent faute de soins, les Allemands tirant sur les familles qui tentent de s'approcher pour secourir les blessés.
5 autres patriotes sont tués lors de cette journée, Jean LEMARCHAND (31 ans), Jean LE VAILLANT (38 ans), Yves-Marie LE GALL (44 ans), Yves-Marie MEUDAL (40 ans), Yves Marie BOUGEANT (26 ans).
En début d'après-midi, à St Antoine, le jeune Louis ALLAINGUILLAUME (17 ans) n'appartenant à aucun groupe de résistance, est découvert par les Allemands dans une tranchée, où il s'est réfugié pour échapper aux représailles, il est abattu sur place.
Jusqu'au 16 août aucune nouvelle des prisonniers.

16 août 1944
Ce jour là, des chars américains font irruption sur la place de la mairie de Pleubian. Aussitôt informés du drame de Creac'h-Maout, les américains accompagnés d'un groupe de patriotes font route sur le sémaphore.
Hélas ! là-haut, plus de vie, c'est la désolation...
Deux fosses communes sont découvertes, elles contiennent 21 cadavres dont l'examen médical permet d'établir que les victimes, dont les noms suivent, ont été atrocement torturées avant d'être exécutées : Ernest ALLAINGUILLAUME (43 ans), Yves-Marie ANDRE (33 ans), Francis BIDEAU (22 ans), Charles CORLOUER (44 ans), Francis GUILLOU (36 ans), Gustave LAMANDE (22 ans), François L'ANTHOEN (27ans), Yves-Marie LE BOZEC (32 ans), Gustave LE CARBOULLEC (18 ans), Yves-Marie LE CLEUZIAT (41 ans), Eugène LE LOSTEC (27 ans), Henry LE MEVEL (43 ans), Pierre LE MEVEL (33 ans), Pierre LE PARLOUER (36 ans), Eléazar LE ROUX (21 ans), Pierre LE ROUX (35 ans), Marcel LE SAUX (19 ans), Yves LE TALLEC (23 ans), Yves-Marie MARJOU (42 ans), André PARANTHOEN (20ans), Félicien PLOMION (35 ans).

Le 5/02/1946, le Maire de Pleubian, s'adresse au ministre de la justice pour l'informer des atrocités commises à Creac'h-Maout et pour que les criminels soient recherchés pour crimes de guerre.
Le 27/08/1951, le tribunal militaire permanent de Paris prononce un non-lieu à l'égard des Allemands du sémaphore de Creac'h-Maout et de l’île à Bois pour identification insuffisamment précise des inculpés.
L'association culturelle "PLEUBIAN et son passé ".

Crédit photo Thérèse Gaigé

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